Axione, opérateur de connectivité numérique français, emploie 2 600 collaborateurs répartis sur 60 agences. Derrière les chiffres impressionnants — 6 millions de prises fibre, 632 millions d’euros de chiffre d’affaires — se cache une réalité sociale tout aussi importante : celle d’un Comité Social et Économique actif qui défend au quotidien les intérêts des salariés.
Voici ce que vous allez découvrir dans cet article :
- Le profil d’Axione : son activité, ses chiffres clés, son histoire
- Le rôle concret du CSE : représentation, consultation, action sociale
- Les négociations en cours : salaires, télétravail, mobilité
- Les moyens donnés aux élus : heures de délégation, formations, circulation
Plongeons dans l’organisation d’une entreprise qui équipe la France en fibre optique tout en construisant un dialogue social structuré.
Qui est Axione ?
Axione est un opérateur neutre spécialisé dans la connectivité numérique. Créée il y a plus de 20 ans, l’entreprise accompagne collectivités locales et entreprises privées dans leur transformation digitale. Sa mission : rendre le numérique accessible partout en France, y compris dans les zones rurales oubliées par les grands opérateurs.
Ses domaines d’expertise couvrent un spectre large : déploiement de réseaux fibre (FTTH), 5G et réseaux privés, vidéoprotection, couverture indoor, Internet des objets (IoT), exploitation et maintenance des infrastructures. Axione ne vend pas directement aux particuliers. Elle construit et gère les réseaux que Free, SFR, Orange ou Bouygues utilisent ensuite pour proposer leurs offres.
Quelques chiffres parlants illustrent l’ampleur de son action :
- 25 réseaux d’initiative publique déployés
- 185 opérateurs partenaires
- 988 sites radio construits ou rénovés
- 1 million d’abonnés FTTH actifs
Cette stratégie d’opérateur neutre positionne Axione comme un acteur de confiance, capable d’adapter ses solutions aux besoins spécifiques du secteur public comme du privé.
L’histoire d’Axione en quelques dates
Axione naît en 2003, juste après la loi pour la confiance dans l’économie numérique. Dès 2004-2008, elle déploie ses premiers réseaux publics locaux en Sarthe, dans le Limousin, au Havre. En 2008, la création de la holding Axione Infrastructure avec la Caisse des Dépôts et Vauban consolide son modèle économique.
L’année 2015 marque un tournant : Axione rejoint le Plan France Très Haut Débit, programme national visant à couvrir l’ensemble du territoire en fibre optique. Deux ans plus tard, en 2017, tous les grands opérateurs nationaux commercialisent ses réseaux FTTH.
Un jalon historique est franchi en 2019 : l’Oise devient le premier département 100 % fibré d’Europe. En 2020, Axione crée une plateforme nationale indépendante avec Vauban Infrastructure Partners. Le cap du million d’abonnés FTTH est atteint en 2022, accompagné du lancement de services numériques responsables et du déploiement d’un réseau LoRa dans la Sarthe.
En 2024, l’entreprise élargit son périmètre en gérant un réseau multiservices pour le département de l’Essonne. Cette évolution s’inscrit dans le projet Axione5, qui vise à préparer l’après-fibre en développant de nouveaux services numériques, en réduisant l’impact environnemental et en valorisant davantage les équipes humaines.
Le rôle du CSE chez Axione
Le Comité Social et Économique représente les 2 600 salariés de l’entreprise. Créé par les ordonnances Macron de 2017, le CSE fusionne trois instances : les délégués du personnel, le comité d’entreprise et le CHSCT. Chez Axione, il fonctionne selon un accord d’entreprise qui fixe le cadre des échanges avec la direction.
Les réunions sont planifiées avec un préavis de 5 jours, réduit à 3 en cas d’urgence. Chaque séance fait l’objet d’un procès-verbal validé et confidentiel. Trois temps forts annuels structurent l’agenda social : en mars, focus sur santé, sécurité et économie ; en juin, bilan emploi, politique sociale et formation ; en décembre, présentation de la stratégie, des prévisions et des innovations à venir.
Parmi les élus, la CFDT dispose de 23 représentants répartis sur 5 grandes régions. Bien qu’elle n’ait obtenu que 14 % des voix, elle pose plus de 50 % des questions en réunion. Cette présence active témoigne d’une stratégie syndicale offensive : refuser les accords jugés insuffisants, forcer la direction à améliorer ses propositions, négocier fermement sur les salaires et les conditions de travail.
Les élus principaux incluent Julien Lebrec (élu titulaire et Délégué Syndical), Maeva Burel (élue titulaire et Déléguée Syndicale), Simon Maurin (Représentant Syndical), Thi Linh Nguyen (élue suppléante) et Yannick Wlodarczyk (élu titulaire).

Les missions du CSE : économie, social, sécurité
Le CSE intervient sur quatre axes complémentaires. Le volet économique l’amène à analyser chiffre d’affaires, endettement, investissements R&D, aides publiques et bilan carbone. Les élus scrutent la santé financière de l’entreprise pour anticiper les impacts sur l’emploi et les rémunérations.
Le volet social concerne les conditions de travail, les effectifs, l’égalité professionnelle, le handicap et le climat social. Le CSE veille à ce que les recrutements, promotions et formations respectent l’équité entre salariés. Il alerte la direction quand des tensions apparaissent ou que des situations individuelles nécessitent un accompagnement.
La formation professionnelle fait l’objet d’un suivi régulier : bilans, orientations stratégiques, prévisions budgétaires. Le CSE s’assure que les salariés bénéficient d’opportunités d’évolution et que les budgets alloués correspondent aux besoins réels.
Enfin, la santé et sécurité au travail mobilise une attention constante. Le CSE participe au suivi médical, à la prévention des risques et à la mise à jour du DUERP (Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels). Les visites de chantiers permettent aux élus de constater sur le terrain les conditions d’intervention des équipes techniques.
Le CSE gère aussi les activités sociales et culturelles, avec un budget de 400 € par salarié. Ce montant finance des vacances, de la billetterie loisirs, des événements internes. Une communication régulière maintient le lien avec les salariés : présentations aux nouveaux embauchés, vidéos trimestrielles de 3 minutes.
Télétravail, mobilité et restauration : les avancées
Les négociations portent sur des enjeux concrets du quotidien. Le télétravail, généralisé depuis la crise sanitaire, donne actuellement droit à une indemnité de 150 € par an. La CFDT demande 200 € complétés par une prime mensuelle pour couvrir électricité, internet et matériel.
Les tickets restaurant s’élèvent à 10,50 € par jour travaillé. Face à l’inflation, le syndicat réclame une indexation automatique pour préserver le pouvoir d’achat. Même logique pour la mobilité durable : la subvention vélo atteint 380 € en 2023, mais la CFDT pousse pour 700 € quand le salarié n’a pas d’abonnement transport en commun pris en charge.
D’autres avantages ont été négociés ces dernières années : aides pour les places en crèche, accès à des véhicules électriques pour certaines fonctions, amélioration des espaces de pause avec machines à café de qualité, organisation d’événements de cohésion pour renforcer les liens entre équipes dispersées sur le territoire.
Sur le front salarial, la CFDT refuse les primes ponctuelles et exige une augmentation générale de +6 % pour tous. En 2023, la direction proposait 900 € d’intéressement ; le syndicat réclamait 1 400 €, soit un écart de +55,6 %. L’objectif affiché : garantir un pouvoir d’achat stable malgré l’inflation et reconnaître l’investissement des salariés dans la croissance de l’entreprise.
Des moyens concrets pour les élus du CSE
Pour exercer leur mandat, les élus disposent d’un crédit d’heures de délégation. Ce temps protégé leur permet de préparer les réunions, consulter les salariés, analyser les documents transmis par la direction. Ils circulent librement sur tous les sites, équipés de protections individuelles lors des visites de chantier.
Les déplacements sont remboursés selon un barème défini par l’accord d’entreprise. Les élus peuvent se former grâce à des stages syndicaux et économiques, avec maintien du salaire. Ces formations couvrent le droit du travail, la lecture des bilans comptables, les techniques de négociation, la santé au travail.
Cette organisation vise à professionnaliser la représentation des salariés. Les élus ne se contentent pas de relayer des doléances : ils construisent des argumentaires étayés, proposent des alternatives aux projets de la direction, suivent dans la durée les engagements pris lors des négociations.
Axione et son CSE illustrent une démarche d’entreprise où le dialogue social structure la vie collective. Entre déploiement massif de la fibre optique et attention portée aux conditions de travail, l’équilibre reste à construire chaque jour. Les élus veillent, négocient, alertent. Les salariés bénéficient d’avancées concrètes. La direction intègre ces contraintes dans sa stratégie. Ce triangle forme le socle d’une croissance soutenable, ancrée dans les territoires et respectueuse des femmes et des hommes qui la portent.

Maxime Delmas est le créateur d’Avis AI. Consultant indépendant passionné de tech et de marketing digital, il vulgarise l’intelligence artificielle et les outils numériques pour aider chacun à mieux comprendre, tester et utiliser les innovations d’aujourd’hui.
